Urobuchi mon amour

A l’heure où j’écris ces mots, je ne sais plus où j’en suis cher lecteur. En effet, quand tu as passé des mois et des mois à ruminer ta haine envers un écrivain et sa franchise, tu te sens un peu con quand finalement tu as apprécié une œuvre sur laquelle tu as craché dessus sans vergogne avant même de l’avoir vu. Quand on m’a annoncé que SHAFT avait pour projet de réaliser trois films à partir de leur poule aux œufs d’or plus communément appelée Mahou Shoujo Madoka Magica j’ai doucement ricané dans mon coin. Surtout lorsque j’ai appris que les deux premiers opus seraient un bête remake de la série originale. Autant vous dire que ma joie était à son comble : bien entendu, je savais que les fans de la franchise apprécieraient ces films et continueraient à jeter leur argent par la fenêtre, mais cela me donnait une bonne raison pour me conduire comme un connard sur un internet et écrire des commentaires cuisants sur une série qui mériteraient d’être critiquée plus souvent.

Comme à peu près beaucoup de personnes, j’ai apprécié Madoka Magica, même si mon avis a commencé à être de plus en plus nuancé au cours de mes différents visionnages de l’anime. J’étais très dithyrambique à son sujet lors de la diffusion, puis en lisant le manga et en regardant deux fois la série un peu plus tard, j’ai commencé à repérer des incohérences scénaristiques ainsi que des éléments qui m’ont fait dire « ouais bah finalement c’est pas mal overrated ». Les gens qui m’adorent pourront dire que c’est encore une fois pour moi l’occasion d’avoir une opinion à contre courant, mais il en reste que même si mon avis sur cet anime a pas mal changé avec le temps, je continue d’apprécier la série. Ce n’est pas pour rien que j’ai acheté le manga et les DVD, hein. Seulement désormais je ne pense plus que Shinbo est un génie, mais que Urobuchi est un sale usurpateur et qu’il faut arrêter de se branler la bite sur des œuvres qui n’en valent pas la peine. Bref, j’ai un peu dérivé, et ce dont je parle là pourrait faire l’objet d’un autre article qui sait ; en attendant, le fait est que j’ai aimé le premier film de Madoka Magica. Et je me sens sale.

En tant que tel, ce film n’apporte rien du tout à l’univers de base de la série. Pour être honnête, ce n’est qu’un simple concentré des huit premiers épisodes, très bête et avec aucune valeur ajoutée. Pour quelqu’un comme moi qui a déjà vu la série trois fois, c’était vraiment monotone à regarder. Parce que ouais, même si l’anime est divertissant, tu te fais un peu chier au bout d’un moment quand tu connais l’histoire par coeur. D’ailleurs c’est un des points qui rend Madoka Magica beaucoup moins bon avec le temps : une fois que tu connais l’histoire et que tu sais que SPOIL, ou SPOIL, eh bien l’oeuvre perd beaucoup en terme d’originalité et de surprise. C’est ça qui rendait la chose aussi énorme lorsqu’elle était diffusée, surtout quand après il y avait toute une communauté derrière pour en parler. Après vous pourrez toujours me dire « ouais mais du coup tu peux faire une réinterprétation de la série et de certains personnages puisque tu connais déjà les ficelles scénaristiques utilisées par l’histoire ». A cela je vous répondrais que ça va bien une fois de se toucher l’égo en se disant que t’es trop un overmind dans ta tête, mais au bout de la deuxième, c’est pas génial. Quoi qu’il en soit je divague, et je me retrouve encore à parler de la série en tant que tel, à croire que je cherche à tout prix à éviter cette sombre réalité où j’ai aimé un film qui n’en vaut pas la peine.

Si ce film n’apporte rien finalement à la série, il a su néanmoins dynamiser l’intrigue. Ce qui peut paraître comme étant lent dans la série une fois que tu sais ce qui va arriver dans la série est beaucoup moins chiant. Bien entendu ce n’est pas difficile à faire, sachant que concentrer huit épisodes en deux heures de film racourcira quoi qu’il arrive le temps de visionnage au final. En fait ce que le film a réussi à faire de mieux, c’est retravailler l’univers esthétique de Madoka Magica. Ce qu’il y a de bien avec les anime réalisés par SHAFT, c’est qu’ils semblent tous être ancrés dans un univers propre au studio (enfin pour la plupart, en tout cas). Personnellement quand je regarde un Monogatari, ce qui me fascine le plus c’est les backgrounds par exemple, ainsi que cette ville qui semble être inhabitée, avec son univers mi-écologique, mi-industrielle, où au final il semblerait que seuls nos personnages existent, ou du moins que ce sont les seuls à manifester leur existence. J’avais beaucoup aimé ce travail là réalisé dans la série originale de Madoka Magica ; à l’heure actuelle je possède encore un dossier sur mon ordinateur fixe où il y a une dizaine de screenshot de plans qui à l’époque m’avait beaucoup fait vibrer. Cet univers  clairement malsain et a le don pour te mettre mal à l’aise très facilement. SHAFT est quand même le seul studio qui est capable de mettre dans une même image un avant plan avec des colines verdoyantes et des éoliennes, pour ensuite mettre dans le fond des zones industrielles dégueulasses. Et bien entendu, personne aux alentours, comme d’habitude.

Cette esthétique vraiment propre au studio a été beaucoup plus creusée dans ce film. Il est plus ou moins normal que le rendu final soit meilleur dans un projet bénéficiant d’un plus grand budget et étant sensé toucher un plus gros public une fois réalisé, mais j’ai été agréablement surpris par cela, surtout étant donné que c’est un de mes détails favoris dans les univers animés par SHAFT. Ensuite, pour continuer dans le visuel, le film bénéficie bien évidemment d’une animation plus léchée et beaucoup moins aléatoire que dans l’anime. Les scènes avec les sorcières ont bénéficiées d’une attention toute particulière il me semble et les combats ont vraiment un rendu bien poli qui fait plaisir. En réalité tout le film a plutôt bien été retravaillé graphiquement ; parfois c’est des petits détails qui font plaisir, mais dans un simple remake ça fait toujours bien pour essayer de rendre le tout intéressant. Par exemple j’ai particulièrement bien aimé les dix premières minutes du film. Certes, même si la plupart des plans sont totalement nouveau, il y a une poésie qui se dégage des images qui m’a fait frissonner pendant quelques secondes. Tout à l’heure je vous disais que SHAFT avait particulièrement bien poussé son univers à l’extrême dans ce film ; ce qui est assez paradoxal en revanche c’est que la réalisation globale m’a semblé beaucoup plus détaché de ce qu’ils font d’habitude. Je sais, tu es en train de te dire que je raconte des conneries et tu n’aurais peut-être pas forcément tort au fond, mais c’est un ressenti que j’ai eu. Comme si finalement le film avait une réalisation plus classique dans sa globalité, malgré des délires graphiques bien kiffants et une esthétique graphique en ce qui concerne les background bien propre au studio. Si toi aussi tu as ressenti cela, n’hésite pas à te manifester dans les commentaires, je me sentirai moins seul à raconter de la merde, merci.

Plus haut je vous disais que ce film n’apportait rien de nouveau à l’oeuvre de base. Ne m’écoutez pas, j’étais mauvaise langue, pour changer. Outre les changements esthétiques évoqués plus haut, le film apporte son lot de nouvelles scènes. La plupart du temps elles sont brèves ou alors sont complètement fanservice. Il y a désormais des scènes de transformation qui font vraiment magical girl (ce qui fait un peu tâche quand on essaye de vendre son oeuvre comme étant une déconstruction du genre, hein Urobullshit), mais il y a également des ajouts qui font plaisir, comme une conversation entre Madoka et sa maman. C’est totalement gratuit, surtout sachant que la mère de l’héroïne possède une grosse fanbase mais ce dialogue était intéressant et constructif d’une certaine façon. Rien que pour ça j’étais content de m’être posé le cul deux heures devant mon ordinateur.

Après, en ce qui concerne l’histoire en elle-même, le film n’apporte, rappelons le encore une fois, vraiment rien. De fait ce premier opus souffre des même défauts que la série et ne tente même pas de les corriger. Par exemple, qu’est-ce qu’on en a à foutre de Sayaka et de sa déchéance progressive provoquée par le fait qu’elle est maintenant aussi vide que la catalogue de jeux de la PSP Vita en France ? Bon d’accord, ils ne pouvaient pas supprimer cet élément. Cela dit ils auraient pu supprimer des scènes qui font un peu inutile et qui étaient là pour remplir les épisodes de vingt minutes à l’époque de la diffusion. L’avantage quand tu fais un remake c’est que tu peux couper comme un boucher les morceaux qui te semblent un peu périmés. Toutefois ils ont opté pour une autre option, en accélérant le rythme. C’est une autre façon de voir les choses.

Même après m’être expliqué devant toi, mon cher lecteur, la honte continue de subsister en moi. Je le reconnais, j’ai aimé un film qui est globalement une perte de temps, de talent et d’argent. Ce film est un pur produit commercial fait pour engranger le dollar, qui n’apporte rien à une œuvre qui est déjà correct de base mais qui a su rester divertissant, tout en continuant à développer d’un point de vue artistique une esthétique particulière et propre à SHAFT ; et ça, c’est déjà une réussite en soi de mon point de vu. Maintenant je suis presque curieux de voir comment ils ont réussi à adapter la fin de la série (qui constitue le gros point faible de la franchise à mes yeux) et même impatient de voir ce qu’ils vont faire dans le troisième opus. En espérant que le troisième film soit une échec scénaristique total parce que sinon il va bientôt falloir que j’aille faire mes excuses à Urobuchi pour tout ce que j’ai dit de mal pour lui. Ah non, c’est bon, il continue à faire de mauvais anime chaque saison pour entretenir ma haine… C’est bien, tu peux la faire ta deuxième saison de Psycho-Pass, je t’encourage même dans ta démarche mon brave !

See You Next Water Time…

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Un commentaire pour Urobuchi mon amour

  1. Gemini dit :

    « c’est encore une fois pour moi l’occasion d’avoir une opinion à contre courant »
    >> Es-tu sûr de m’avoir payé des droits d’auteur pour cette réplique ? Et il fallait m’écouter : dès le début, j’ai évoqué les incohérences de cet anime. J’avais quand même bien aimé.

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